Entretien : Armin Duerr

Armin DUERR est architecte allemand et expert en patrimoine ; il cumule une expérience riche et diversifiée dans le domaine de la restauration des monuments et constructions historiques.
Expérience acquise suite à son intervention ès-qualité dans 13 pays différents entre l’Europe, l’Afrique et l’Asie. L’Algérie fait partie de son expérience à travers sa participation en qualité d’architecte expert intégré à l’atelier de la Casbah d’Alger entre 1984 et 1987. Il y est revenu en 2018 sur invitation de l’UNESCO et du ministère de la culture pour participer aux journées internationales sur la Casbah d’Alger.
De cette rencontre et de la visite du site organisée pour la circonstance avec tous les participants, il nous livre, non sans amertume, la synthèse de ses impressions.

Question 1 : Pouvez-vous vous présenter aux lecteurs de MADINATI ?
À l’âge de 80 ans, je peux regarder en arrière sur une vie intéressante en ce qui concerne ma vie privée et aussi professionnelle. Après des études d’architecture à la Haute École Polytechnique de Karlsruhe, ex-RFA, j’ai travaillé dans beaucoup de domaines d’architecture, de même que dans beaucoup de pays, allant de la rénovation des monuments historiques à la construction de logements, écoles, hôpitaux, bâtiments pour le tourisme, centrales électriques, immeubles administratifs et j’ai, dernièrement, conçu un temple pour les Bahaï, aux USA… Mais je suis incapable de vous dire pourquoi je n’ai pas réussi à concrétiser mes projets dans la ville à laquelle je me suis attachée et qui me tient le plus à cœur : La Casbah d’Alger. J’espère le découvrir en lisant votre N° 8 !

À part mes occupations dans mon pays natal, l’Allemagne, mes tâches professionnelles m’ont amené à travailler et vivre dans 13 pays différents, parmi eux l’Algérie, où j’étais spécialement attiré par la possibilité de m’engager pour la rénovation de la Casbah.

Question 2 : Quelle est votre relation avec la Casbah d’Alger ?
Dans le cadre de la coopération technique entre l’Algérie et la République Fédérale d’Allemagne, l’organisation allemande de l’Aide au Développement GTZ/CIM avait mis sous concours, en 1983, un poste d’architecte pour la rénovation de la Casbah et j’ai eu la chance d’obtenir ce poste.

Avec le « sérieux allemand », on recevait, avant l’affectation à l’étranger, une introduction et, moi spécialement, une information détaillée sur la Casbah, par le collègue allemand M. Rupprecht, qui avait travaillé, quelques années auparavant, à l’Atelier Casbah. Déjà sa riche documentation m’avait fortement intéressé et, une fois arrivé sur place, j’étais fasciné par la situation unique de la Casbah d’Alger, s’étendant sur la pente, au bord de la mer. Son ensemble urbain, en grande partie encore intact, ses ruelles étroites, l’organisation de ses bâtisses avec wast-ed-dar, patio, terrasse etc., me fascinaient.

Sa sauvegarde et sa réhabilitation me semblaient une tâche et un défi intéressants qui valaient l’engagement d’un architecte.

Question 3 : Quel a été votre rôle dans l’Atelier Casbah ? Pouvez-vous nous détailler votre mission à l’époque ?
J‘ai travaillé dans le cadre de la coopération technique entre l‘Algérie et l‘Allemagne comme « expert intégré », c‘est à dire principalement comme employé de l’État algérien et donc soumis aux réglementations algériennes comme chaque employé algérien. L‘affectation à l’Atelier Casbah était prévue avant mon départ d’Allemagne. Mais, une fois sur place, j‘ai dû lutter pour obtenir ce poste souhaité.

Le rôle de « l’expert intégré » se traduit par le transfert du savoir de l’expert, à travers une activité dans une institution étrangère en contact direct avec les collègues étrangers. Dans mon cas, il s’agissait de transférer mes expériences dans la rénovation des monuments historiques et de la construction en général.

Ma fonction dans l’Atelier Casbah n‘était pas différente du rôle et des tâches d‘autres architectes du bureau, au moins au début. J’exécutais le travail « normal » d’un architecte comme les collègues algériens ou étrangers, selon les instructions du responsable du service – donc « intégré » !

Après une période de 18 mois, j’ai été muté, avec 5 collègues/coopérants allemands de CIM/GTZ, au MUCH (Ministère de l’Urbanisme et de l’Habitat) pour élaborer ensemble un avant-projet du « Plan d’Aménagement de la Casbah » ; ceci dans la continuité du « Plan d’aménagement préliminaire » de la Casbah, établi en 1981 par l’Atelier Casbah, Comedor et l’UNESCO.
L’élaboration de ce plan fut arrêtée, au début janvier 1986, après changement du directeur central au ministère MUCH et j’ai été réintégré à l’Atelier Casbah, qui, entre-temps, a été restructuré sous le sigle “OFIRAC”.
Mon activité à l’Atelier Casbah et au MUCH s’étalait sur une période totale de 3 ans, soit d’avril 1984 à mars 1987.

Question 4 : Pouvez-vous nous renseigner sur la méthode de travail dans l’Atelier ? (Ambiance, équipe, moyens à disposition…)
Théoriquement, l’organisation du bureau et la méthode de travail dans l’atelier apparaissaient assez logiques : Un atelier multidisciplinaire, assurant toutes prestations d’une agence d’architecture / bureau d’études, structuré en Direction / Administration, Études Générales, Architecture, Génie-civil et Etudes Techniques, Métré, Documentation. Il y avait même un archéologue-historien et un photographe avec son laboratoire photo.

L’Atelier Casbah recevait ses mandats (commandes) de la DUCH ou de l’APC et chargeait, ensuite, un de ses architectes de l’élaboration d’un projet de rénovation qui se déroulait un peu comme suit :

Faire le relevé de la bâtisse concernée, le mettre au propre, déterminer les travaux nécessaires et préparer l’avant-projet et les plans du projet d’exécution.

Les décisions, pour le projet de réalisation, étaient prises en consultation, dans des réunions avec le responsable du service et le directeur de l’atelier.

Les relevés présentaient des problèmes considérables en termes de matériel et de temps. L’atelier ne disposait pratiquement pas d’équipements pour prendre des mesures. Je me suis procuré, à mes frais, un mètre-ruban, un mètre télescopique et un appareil photo Polaroid en Allemagne. À l’époque, les appareilles laser n’existaient pas encore.

Compliqué et long était aussi le procédé de préparation de la sortie de réalisation du relevé. Il fallait un « bon de sortie » pour l’architecte et son aide (apprenti ou jeune dessinateur), signé par le chef de service et le directeur. Vu souvent la saleté de la bâtisse, le chemin à faire, le besoin des aides de rentrer à temps au bureau pour raison de transport ou de faire la prière, l’enthousiasme des jeunes aides restait très limité. Ceci causait beaucoup de perte de temps.

Sur le plan humain, l’ambiance au bureau était agréable et très collégiale. Le travail, par contre, était marqué par le système socialiste. Les cadres moyens montraient peu d’engagement pour le travail. À mon avis, le souci du quotidien – famille, approvisionnement, logement, transport etc. – dominait la pensée et laissait peu d’intérêt pour le travail, une fois obtenu un poste assuré dans le système socialiste.

Quelques anecdotes pour illustrer un peu le moral au travail :

  • Malgré l’obstacle du « bon de sortie », certains employés trouvaient le moyen de sortir sur le marché pour acheter un des produits rares à l’époque. Le ravitaillement de la famille était plus important que le travail et il fallait sauter sur l’occasion.
  • Un jour un collègue algérien est rentré, avec son achat de petits pois et a entrepris à les éplucher au bureau, pendant les heures de travail.
  • Une autre collègue a ramené au bureau un coq vivant et, parce qu’un responsable du MUCH arrivait par surprise, l’a enfermé dans une armoire. Quel spectacle quand son « cocorico » a retenti de l’intérieur de l’armoire ! Mais, je tiens à préciser que ces excentricités, ne sont aucunement à l’origine de la non réalisation des projets. Je dirais même que loin d’être des causes, elles ne sont, en fait, que les effets d’une administration hyper bureaucratisée. Les responsables, cooptés, étaient souvent dépassés. La fonction primait sur la compétence, d’où l’inefficience.

L’équipement en matériel de bureau était relativement pauvre, que ce soit pour faire les relevés ou concernant le matériel de dessin, l’éclairage requis à l’espace de travail était insuffisant, avec l’absence de chauffage et de ventilation.

Une machine à tirer les plans existait mais le papier de tirage manquait souvent. Après l’élaboration d’un projet par l’architecte, le dossier était transmis au service Métré pour préparer les soumissions et l’appel d’offres.

À partir de ce moment, l’architecte n’avait pas d’information sur la suite des activités et le traitement ultérieur du dossier.

En général, il y avait une mauvaise coordination et un manque de communication entre les différentes disciplines dans l’Atelier.

En résumé, toutes ces procédures étaient très lentes et peu efficaces. Pendant mon activité, aucun des projets n’est arrivé au stade de réalisation. C’était plutôt une course contre le temps et contre l’effondrement de la bâtisse à rénover.

Question 5 : Pensez-vous que l’Atelier est parvenu à faire des propositions intéressantes pour le site (avec quelques exemples, illustration si possible) ?

Je pense que oui, mais à une échelle limitée. Si on avait pu réaliser les projets de rénovation, élaborés à l’époque par les architectes coopérants (moi-même, Wolfgang Castor, le couple Wozniakowski), cela aurait été une contribution considérable à la conservation du patrimoine architectural. De ces projets, qui étaient prêts à être réalisés, je me souviens seulement de quelques bâtisses, comme celle du N° 4 Impasse d’Oronte, ou celle du N° 8 Rue de la Mer Rouge.

Entre autres, l’accent de mon activité était aussi mis sur le développement d’un programme pour la reconstruction de l’Îlot Lalahoum, déjà démoli à 70 % Un travail que j’ai dû interrompre et que j’ai pu reprendre à la fin de mon séjour. Une copie de l’avant-projet en esquisse N° 19, 21 Rue du Chat – Impasse Kheireddin, est encore disponible à mon niveau, mais en mauvais état.

Lors de la réunion de l’Unesco en 2018, j’ai chargé mon collègue et ami Djaffar LESBET, que j’ai connu à l’Atelier Casbah, par l’intermédiaire de Fouzia ASLOUM (une architecte dévouée à la Casbah), de transmettre des copies des projets au Ministère de la Culture et à l’organisme (OGEBC) chargé de la sauvegarde de la Casbah. Ce qu’il a fait. Les plans sont aujourd’hui à la disposition des chercheurs et du public, à la bibliothèque de l’OGEBC, au Palais des Raïs. À vous de me dire si on se bouscule pour les consulter !

Ainsi, je n’ai malheureusement plus de plan sur moi pour illustrer les projets, sauf le dernier cité (ci-dessus) et le projet de Dar El Ghoula. Ce projet de construction neuve, en périphérie de la Casbah, aurait pu être réalisé sans problème d’accès, car il se situe entre la Rue Debih Cherif et autour de la Rampe Ourida Meddad.

L’Atelier Casbah, avec ses 80 employés, et plus tard OFIRAC avec 130 employés, envisageaient de grands programmes d’actions :

  • Intervention d’urgence sur 58 Bâtisses (à terminer 1986). J’ai visité la Casbah avec Djaffar, près de 20 ans après et constaté qu’elles sont toujours en « urgence » ;
  • Rénovation de 100 autres maisons d’habitation, toujours inachevées ;
  • 400 autres bâtisses jusqu’en 1989. Elles sont, aujourd’hui, en majorité détruites ;
  • L’ilot Lalahoum, pour lequel des programmes de reconstruction, ont été retenus… est devenu un gigantesque bidonville. En 2010-2012, les autorités ont relogé les occupants et depuis, c’est un parking doublé d’un dépôt d’ordures… tout aussi sauvage…

Question 6 : Pourquoi cela n’a pas été réalisé d’après vous ?

Je crois avoir déjà répondu à votre question. C’est à vous (Algériens) de me donner une réponse à la question qui me hante depuis que j’ai quitté l’Atelier Casbah. Comme, déjà dit, vu le mode de fonctionnement des organismes et tutelles qui se sont succédés… en se contentant de reconduire les dysfonctionnements, en prenant soin de ne rien modifier… On ne fait qu’initier des programmes… qui restent inachevés… sans que nul ne semble s’inquiéter. Je me suis “amalgamé” à la Casbah, tout en restant Allemand. C’est pourquoi, je n’arrive pas à m’expliquer qu’en un demi-siècle, nonobstant les faramineuses sommes consacrées par les pouvoir publics et englouties par les « Restaurateurs » en charge de la Casbah… on n’a pas reconstruit UNE SEULE MAISON. Sans parler des bâtisses qui s’effondraient pendant la préparation du dossier.

Honnêtement, j’ai beau me questionner… je ne trouve pas la moindre explication rationnelle et raisonnable à l’échec des opérations envisagées.

C’est, pour moi, une des énigmes du siècle. Je ne suis même pas persuadé qu’un responsable algérien pourrait, un jour, l’expliquer, auquel cas il serait Nobélisable.

Certes, la lenteur de l’appareil administratif, l’instabilité du personnel de direction (5 directeurs en 3 ans durant mon activité), ont, peut-être, contribué à l’échec. Mais cela n’est pas la seule cause et surtout pourquoi n’a-t-on pas changer d’approche en changeant de tutelle ! Tous se sont « évertués » à reconduire le processus qui a échoué. Pourquoi ?

Ma vie professionnelle m’a amené à travailler dans plusieurs pays qui, pourtant, souvent, ne disposent pas d’autant de moyens que l’Algérie : Comme par exemple l’Égypte, la Jordanie, le Pakistan, l’Inde, le Maroc, l’Éthiopie etc. Et curieusement dans tous ces pays, mes projets ont toujours été réalisés. Est-ce, justement, parce qu’ils ne disposaient pas d’autant de moyens (hydrocarbures et Gaz) ? !!! C’est l’un des rares exemples, où la richesse est, plus que la pauvreté, source de difficultés… Est-ce la spécificité Algérienne ? !!!

Question 7 : Lors des journées internationales… de l’UNESCO, vous avez fait une communication jugée pessimiste. Acceptez-vous cette qualification ?

Oui, j’accepte cette qualification de pessimiste. Mon opinion était le résultat des observations et de la comparaison faite presque un quart de siècle après mon départ de l’atelier Casbah. Sans entrer dans les détails, la dégradation du bâti en général s’est aggravée, la vie de la haute Casbah, jadis très animée, en partie n’existait plus, des boutiques fermées, l’Îlot Lalahoum devenu presque un bidonville encombré par un dépôt d’ordures sauvages… Tout ça n’incite pas à l’optimisme. Et pourtant, entre-temps, la Casbah a été distinguée :
Patrimoine de l’Humanité… depuis 1992… mais rien n’a changé et personne n’a pu la soustraire de la « Continuité » dans la dégradation. Toutes les actions ont fait preuve de leur inefficacité !

Question 8 : Comment voyez-vous l’idée de l’appel d’offre fait à l’agence d’architecture Jean Nouvel pour la Casbah ?

Je pense que toute action sérieuse qui fait avancer, ou au moins bouger les lignes et sortir la Casbah de l’agonie où on l’a plongée, est à saluer. Lier une nouvelle approche à un grand nom de l’architecture, quelque soit sa nationalité, pourrait représenter encore plus d’obligation et d’opportunité pour les autorités et, enfin, accepter de changer de méthode et arriver au résultat recherché. Comme je ne connais, ni la raison, ni le détail de son mandat (contrat), il ne serait pas sérieux de me prononcer plus que cela. Les autorités algériennes ont-elles bien défini ce qu’elles veulent faire de la Casbah ? Tous les Algériens souhaitent sauver la Casbah, mais rares sont ceux qui se posent les questions de : Comment et pour en faire quoi ?


Jean Nouvel, architecte de renommée mondiale, apportera peut-être, avec un coup de génie, des idées fraîches ? Mais, est-ce que les autorités vont accepter de rompre avec leurs habitudes ? ! Du point de vue purement technique de construction, il me semble faisable de rénover, de réhabiliter et de reconstruire les différentes bâtisses de la Casbah. Avec des architectes sur place, ils sont nombreux, mais leur réussite est devenue un danger menaçant… pour tous ceux qui se “restaurent” au frais de la Casbah.

Il suffit d’établir une réglementation et un suivi rigoureux de sauvegarde du bâti et du tissu urbain. Ceci, bien sûr, est aussi un travail immense et devrait être mis entre les mains d’une autorité autonome. En s’inspirant de la création de l’OFIRAC et d’éviter de reconduire ses procédés.

Pour moi, la plus grande tâche sera Comment faire :

  • Revitaliser la Casbah ?
  • Faire revivre la partie historique de la ville.
  • Utiliser les maisons ? Qui va y vivre et à quelle condition ?
  • Le mode de vie a changé ! En tout cas, ça doit se décider aussi avec les habitants, pas uniquement avec les occupants de la Casbah à la recherche d’un relogement.

Question 9 : Voyez-vous quelques indices positifs pour la prise en charge effective de la Casbah, au vu des changements socio-politiques en Algérie ?

D’abord, le changement de politique (en cours), vers une nouvelle république, qui semble se dessiner est évidemment le rêve de la majorité et comporterait la chance de réagir, de façon plus efficace, dans la procédure de sauvegarde de la Casbah. Mais est-ce là LA priorité ?

Il est difficile, pour moi, de répondre à cette question, puisque je n’ai pas assez d’informations sur les perspectives de ce changement socio-politique en Algérie. Je ne suis qu’Algérien de cœur et ne peux me prononcer à ce sujet.

Pour le moment, j’espère que le changement ne va pas retarder le mandat qui a été donné à Jean Nouvel.

Question 10 : Un dernier mot peut-être ?

Je n’aime pas tellement les citations galvaudées ici et là comme « L’espoir est le dernier à mourir ». Comme dit le Proverbe brésilien. La sauvegarde est possible, si l’on veut, ce n’est pas le « Mektoub ». Il se passe déjà quelque chose – en premier : Jean Nouvel a été mandaté, tellement de chose ont changé entre temps, il est prudent d’attendre sa proposition. Comment peut-il la faire… alors qu’à ma connaissance nul ne sait si le nouveau Wali a reconduit la convention signée, par son prédécesseur ? C’est là un bel indice de continuité de l’administration algérienne (entre autres). L’ancien Wali l’a signé, en qualité de représentant de l’État algérien, pas en son nom personnel !

Dans cette situation, il me plait de reprendre à mon compte le commentaire de mon ami, Djaffar LESBET, que j’ai déjà cité lors de la Réunion de l’Unesco : « L’Algérie est le pays des miracles, où rien ne va et tout va, tout en n’allant pas ».