De Diar-El-Mahçoul à Sidi Bennour : Aspects de la réception de l’œuvre de Fernand Pouillon chez Jean-Jacques Deluz

par Mourad BOUZAR
Architecte Aménagiste

Personnage iconoclaste, provocateur et sûr de lui, présenté comme le « maître d’œuvre ultime » par l’historien Pierre Frey, Fernand Pouillon a longtemps été maintenu en marge de l’histoire de l’architecture du XXe siècle. L’ostracisme qui, durant les deux décennies qui suivent ses réalisations algéroises, frappe son œuvre, semble moins dû à son « anachronisme » qu’aux jalousies et aux inimitiés suscitées par l’ampleur de ses réalisations comme en témoigne Bernard Huet : « En 1956 et 1957, étant moi-même engagé dans des opérations militaires, j’ai été le témoin des critiques acerbes des architectes algérois, corbuséen et néo-corbuséens vis‑à‑vis de l’opération du Climat-de-France, que l’on appelait les 200 colonnes. Ces critiques étaient toutes d’ordre moraliste. Toutes. ».

LA REDÉCOUVERTE DE L’OEUVRE

Au début des années 1980, ces positions antithétiques cèdent la place à des analyses plus sereines et approfondies de l’œuvre et du legs de Fernand Pouillon à l’histoire de l’architecture. En 1983, l’article de Jacques Lucan et d’Odile Seyler qui déroule dans le premier numéro de la revue AMC le projet des 200 colonnes, la monographie rédigée par Bernard Felix Dubor peu après la disparition de Fernand Pouillon ouvrent la voie à la prise en compte nouvelle d’une architecture jusque-là oubliée. Le texte de Jean-Lucien Bonillo dans Marseille. La passion des contrastes précédent son article sur la reconstruction du quartier du Vieux-Port paru en 1993, l’inscription la même année d’un des immeubles du quai marseillais à l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques, amorcent dans cette dernière décade du XXe siècle,…