LA RÉHABILITATION DU PATRIMOINE BÂTI À ORAN

Photo : Vue sur le centre de la ville d’Oran (époque coloniale) © A.T.P, 2019

Par Fatima MAZOUZ
Architecte, Docteure en patrimoine
Département d’Architecture, U.S.T. Mohamed BOUDIAF – Oran

1.INTRODUCTION

Dès son indépendance, en 1962, le pays a hérité d’un important patrimoine bâti qui est actuellement localisé
dans les tissus centraux des villes. Il contribue, fortement, dans leur structuration. Ce patrimoine est riche et comprend divers équipements (scolaires, sportifs, édilitaires, cultuels, culturels administratifs, des jardins publics, etc.) et des immeubles d’habitation.

Soit un énorme parc logement, de l’ordre de 1 982 100 unités (RGPH de 1966), qui a été abandonné par ses propriétaires. Aussi, c’est au terme d’une sanglante guerre d’indépendance (Galvan, 2008 : 116) et une figure de rupture brutale, qu’il s’est commandé à l’État algérien, de repenser son patrimoine culturel à la lumière de la reconquête de son territoire et de sa personnalité nationale (Betrouni, 2008 : 38).
Ce sont là des missions mais aussi des épreuves parmi tant d’autres[1] qui ont charrié la mise en place de politiques urbaines privilégiant largement l’extension urbaine des villes en ignorant la prise en charge du patrimoine colonial (Mazouz, 2015 : 152). Le neuf a « mordu » sur l’ancien (Guerroudj, 2000 : 35). En effet, tous les immeubles vacants ont été dévolus à l’État Algérien, en vertu de l’ordonnance n° 66-102 du 6 mai 1966. Depuis, l’État a pris en charge l’entretien de ce patrimoine. Néanmoins, l’insuffisance de ses moyens financiers face aux dépenses investies dans
l’entretien des immeubles qui dépassaient de loin les revenus qu’ils rapportaient, parallèlement à son financement d’une succession de programmes d’urgence d’habitat dans les périphéries des villes[2], ont fait que l’État a changé de politique et décidé de…