FERNAND POUILLON ET LA POLITIQUE DU TOURISME

par Marc BÉDARIDA
Maître de conférence honoraire en histoire de l’architecture
Ecole nationale supérieure d’architecture Paris la Villette
Equipe Architecture Histoire Techniques Territoires Patrimoines (AHTTEP), (UMR AUSser)

LES TROIS ACTEURS : ABDELAZIZ MAOUI, JACQUES CHEVALLIER ET FERNAND POUILLON

Après huit années de guerre, le tourisme ne figure pas dans les priorités au lendemain de l’indépendance. En trois ans, trois ministres différents se succèdent. La situation change avec la nomination, par Houari Boumediène, en juillet 1965, d’Abdelaziz Maoui qui occupe le poste douze années de suite. À ce titre, il est communément présenté comme « le plus grand ministre du tourisme » de l’Algérie indépendante. Pour autant, il meurt dans un grand anonymat, en 2018.
L’objectif premier de Maoui est que « l’on parle autrement de ce pays, si beau et si jeune, dans la presse mondiale, après n’avoir, durant des années, publié que des informations concernant la guerre d’Algérie ». Il s’agit pour lui d’ouvrir l’Algérie, qu’elle devienne une terre d’accueil ; une volonté qui va de pair avec l’ambition nationale des premières années de l’indépendance d’offrir l’hospitalité aux militants des pays en voie de développement ou anti-impérialistes, comme en témoigne le Festival panafricain d’Alger en juillet 1969. Pour y parvenir, il n’hésite pas à recourir aux services de l’agence de communication Havas afin de promouvoir les différentes régions algériennes. Il entend, surtout, construire une véritable économie autour du tourisme, en créant de nouvelles installations de grande ampleur, alliées avec la mise en place de filières de formation aux multiples métiers requis par cette activité. Il fait appel aux compétences de l’ancien maire d’Alger, Jacques Chevallier, qui a pris la nationalité algérienne aussitôt l’indépendance proclamée, et escompte se mettre au service de la nouvelle république ; à la tête de la Société pour l’aménagement et l’équipement du tourisme en Algérie (AETA), il fait appel à l’architecte Fernand Pouillon pour le seconder.