Sidi el Houari : Entre plan de sauvegarde et menaces

Sidi el Houari : Entre plan de sauvegarde et menaces

Par Metair kouider,
Association Bel Horizon

 

Le quartier de Sidi el Houari est érigé en secteur sauvegardé. Cet acte veut dire tout simplement que la vieille ville a de la valeur.  Ce n’est pas un classement en soi, c’est une reconnaissance. Mais le plus important pour un Secteur sauvegardé, c’est d’avoir son PPSMVSS (Plan permanent de sauvegarde et de mise en valeur du secteur sauvegardé)*. Or depuis une année, c’est le statu quo. Qui  devrait prendre l’initiative ?

ARTICLE 03 :

L’établissement du PPSMVSS est prescrit par délibération de l’assemblée populaire de la wilaya (APW) concernée à la demande du wali sur saisine du ministre chargé de la culture.

 

Si le ministère de la culture ne saisit pas le Wali, l’Apw peut-elle le faire ? Et la direction de la culture ?

En tant qu’association, on s’inquiète, parce qu’un flottement dans le démarrage est un mauvais signe pour le reste. La plupart des PPSMVSS dure en moyenne 5 ans pour être approuvé. Approuvé, il faut choisir les entreprises pour les travaux (cahier de charges, appel d’offres, réunion de commissions etc.). En gros, selon une estimation des plans de sauvegarde précédents, il faut une bonne dizaine d’années entre la promulgation du secteur sauvegardé et la mise en route des premiers chantiers (mise à part les interventions d’urgence). Prenons le cas de Constantine, la vieille ville est déclarée secteur sauvegardé en 2005, le PPSMVSS a été approuvé en 2014. Nous sommes en 2016, les travaux n’ont pas encore été lancés. D’autant plus que cette ville vit un contexte particulier, capitale de la culture arabe, disposant d’un budget et d’une opportunité exceptionnelle, incitant à lancer un programme de restauration. Que dire d’Oran et de Sidi el Houari, qui baignent, à l’instar du pays, dans une crise financière, qui se traduit par des restrictions budgétaires d’au moins 30%, si on se réfère à la note du Premier ministre. Il est précisé aussi que les budgets alloués depuis des années et non consommés devraient être gelés. C’est le cas du quartier de Sidi el Houari, qui a bénéficié d’une enveloppe financière, hors programme, de quelques  milliards de DA,  lors de la visite du président de la république, en 2010, et qui n’as pas été consommée jusqu’à l’heure.  Cette allocation budgétaire sera-t-elle maintenue ? Comment pourra-t-on l’utiliser en l’absence du PPSMVSS ?

Lors de la dernière séance de levée de la réserve de la wilaya, à laquelle nous avons eu l’occasion d’assister, il a été clairement dit que cette opération spéciale Sidi el Houari peut être réalisée en l’absence même  du PPSMVSS.

La mise en œuvre d’un PPSMVSS dure en moyenne 10 ans, à l’instar de la moyenne des POS (rappelons que le POS de Sidi el Houari n’a jamais vu le jour, après une dizaine d’années d’études) Durant toute cette période, il faut vivre avec la contrainte du «sursis à statuer ». Les vieilles maisons de Sidi el Houari et les populations qui y habitent vont-elles sagement attendre  tout ce temps là ? S’il y a un risque pour le cas de Sidi el Houari, c’est qu’une bonne partie de la population, las d’attendre, pourra prendre une posture anti patrimoine et être prête à quitter le quartier à la moindre occasion (relogement, offres spéculatives, etc.).

Et qu’est ce qu’un secteur sauvegardé, sans population porteuse d’un patrimoine immatériel et de traditions tel que décrit dans l’article 2 du décret portant Sidi el Houari secteur sauvegardé ?

 

Art. 2. «la vieille ville de Sidi El Houari», centre historique vivant constitue un ensemble immobilier urbain homogène caractérisé par la diversité de son tissu architectural et urbain et par la prédominance de zones d’habitat, qui présente un intérêt historique, architectural, artistique et traditionnel unique et un patrimoine culturel immatériel riche, résultat d’une cohabitation entre plusieurs civilisations représentatives des différentes époques historiques qu’a connues cette vieille ville. »

 

C’est flatteur, mais ça ne représente nullement la réalité, puisque depuis longtemps Sidi el Houari perd inexorablement sa population, ses pêcheurs, ses dockers, marins et, avec, une bonne partie de ses traditions. Qu’en restera-t-il dans 10 ans ?