RÉFLEXIONS SUR LA FORMATION DES FUTURS ARCHITECTES À LA PRISE EN COMPTE DU PATRIMOINE « ORDINAIRE » DANS LES ÉCOLES FRANÇAISES

par DOMINIQUE CHANCEL
ARCHITECTE HONORAIRE
Historien du patrimoine
Anciennement en charge du Patrimoine Bâti au sein du Service du Patrimoine culturel de l’Isère

A Paris, un enseignement post-master de spécialisation et d’approfondissement (DSA) « architecture et patrimoine » est accessible après concours. Délivré par l’école de Chaillot, il vise à donner en deux ans à des architectes diplômés « les capacités de réflexion et de conceptualisation nécessaires » dans la restauration des Monuments et des édifices anciens « ordinaires » et « une culture de diagnostic qui leur permettra d’intervenir de façon efficace, dans le respect de l’objet étudié [et les] connaissances techniques, culturelles, administratives et législatives […]. Il fait appel à la recherche documentaire, aux techniques de reconnaissance et d’auscultation des matériaux et des structures [et les prépare à] choisir les interventions – d’urgence, de restauration ou d’entretien -, traditionnelles ou innovantes [appropriées]. Les méthodes d’enregistrement de données et les critères de classification, d’inventaire et de protection sont abordées. […] Au delà des problèmes strictement structurels et physiques, […] des questions de philosophie [sont explorées] ». Les titulaires de ce DSA sont dits Architectes du Patrimoine.
D’autres écoles proposent des formations post-diplôme abordant de près ou de loin ces questions fondamentales de capacité de réflexion, d’analyse, de diagnostic et de philosophie d’intervention.

En dehors des formations destinées spécifiquement à des architectes, d’autres établissements proposent des formations tournées vers la gestion du patrimoine. A Avignon, le Centre de Ressources sur le Bâti Ancien a pour mission de participer au perfectionnement des différents acteurs de la réhabilitation et propose des formations visant à adapter les professionnels aux spécificités du marché de la réhabilitation (matériaux, techniques, entretien/réparation) en intégrant une démarche d’intervention durable, proposant des méthodes, outils et techniques traditionnelles permettant d’intégrer et transmettre les nouvelles exigences du marché de la réhabilitation.
A l’école d’architecture de Paris La Villette, Hervé Fillipetti, spécialiste du bâti rural ancien, a initié un cours offrant aux étudiants la possibilité de s’initier à l’architecture vernaculaire et au bâti ancien modeste. Il a également créé le centre de formation PARTIR (Patrimoine Architectural et Rural – Techniques d’Identification et de Restauration), avec des ateliers de pratique opérationnelle prolongeant les cours théoriques.
En revanche, à ma connaissance, il n’existe pas, dans le cursus de base des écoles d’architecture, de formation obligatoire destinée à initier les étudiants aux problèmes spécifiques d’analyse, de diagnostic, de philosophie et de méthodologie d’intervention….