Zaha Hadid (1950-2016) : L’Architecture en Deuil

Zaha Hadid (1950-2016) : L’Architecture en Deuil

 

En plein bouclage de notre édition, nous apprenons Ladisparitionbrusqueet soudainede l’architecte  Zaha Hadid (65ans) a mis en émoi le monde de l’Architecture tant elle marqua de son empreinte la scène architecturale contemporaine.

Née à Bagdad, et après un passage à Beyrouth pour des études de mathématiques, elle intègreen 1972 la prestigieuse « Architectural Association » de Londres tout d’abord pour y faire des études d’architecture et ensuite pour y enseigner.  Elle y croisera, comme enseignant, un autre architecte de renom en devenir Rem Koolhaas.Le bouillonnement culturel qui marquera cette époque,donnera naissance, en réaction aux dogmes architecturaux en place, à un mouvement architectural dit déconstructiviste dontZahaHadid sera une figure de proue.

Cela lui vaudra d’être la première femme,et doit-on le rappeler, le premier architecte d’origine arabe,à décrocher en 2004 le prix Pritzker (considéré comme l’équivalent du Nobel de l’architecture) et tout récemment la distinction duRoyal Gold Medal.

Mais cette reconnaissance fut longue à venir :(grâce à la perspicacitéet laténacité de ZahaHadid), c’est après une période d’ « architecture sur le papier » marquée par des tableaux d’une intensité jamais vue jusqu’alors qu’elle réalisera son premier projet : la Caserne de Pompiers Vitra en Allemagne (actuellement transformée en musée) ;suivirent alors plusieurs projets marquants comme : Le musée Cincinnati(New York,1998),le centre Phaeno (2005,Wolfsburg), le musée maxxi(2010,Rome),le Centre culturel Heydar-Aliyev, (Bakou), la piscine olympique de Londres, etc…

Si les premières œuvres mêlent fragmentation, mouvement, apesanteur « malévitchienne » , ses derniers projets, sous l’impulsion de l’outil informatique, seront eux marqués par des formes courbes, dynamiques, organiques et sensuelles,parfois, sujettes à polémiques.

Dans le monde arabe, en plus de quelques projets au moyen orient, on relève au Maroc, la conception du projet du grand théâtre de Rabat et quelques propositions en Lybie.En Algérie, fut évoquée la conception, parl’agence de Zaha Hadid, du nouveau siège de la présidence de la république.

ZahaHadid ne manquera pas de rappeler son attachement et ne reniera jamais ses origines arabes. En évoquant l’architecture du monde arabe, elle fut clairement opposée aux formes nostalgiques qu’elle considère relevant plus de « souvenirs » que d’’une réelle contribution à l’évolution de l’architecture. Rem Koolhaas souligne à ce titre que la contribution universelle de ZahaHadid (devoir auquel elle croyait viscéralement.) puise justement ses sources dans sesorigines.

Enfin, quelle que soit la position des uns et des autres vis-à-vis de son œuvre et de sa personne, Zaha Hadid laisse un héritage indéniable, mais paradoxalement aussi l’impression d’une œuvreinachevée qui n’aura peut-être pas encore atteint son paroxysme.